La question pourrait paraître impertinente… presque ! si elle n’avait pas déjà été posée par Romainville et Donnay dans leur ouvrage “Enseigner à l’université : un métier qui s’apprend”, daté quand même de 1996… et si elle n’était pas sujet à débat un peu partout dans le monde…
Suite à une demande de la MINES (mission numérique de l’enseignement supérieur) sur ce que pourrait être un “teaching centre”, j’ai proposé d’aborder la question de façon globale, en examinant les politiques et initiatives existantes en matière de formation et d’accompagnement pédagogique des enseignants du supérieur.
Le résultat, c’est une revue de littérature qui rend compte des recherches disponibles, de plus en plus nombreuses, en Amérique du Nord et en Europe (résumé) :

Endrizzi Laure (2011). « Savoir enseigner dans le supérieur : un enjeu d’excellence pédagogique ». Dossier d’actualité de la VST, n° 64, septembre. En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=64&lang=fr

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Voici le texte annonçant la sortie du dossier, publié sur Éduveille :

L’ouvrage de Romainville et Donnay, Enseigner à l’université : un métier qui s’apprend, a été publié en 1996. Je ne sais pas quelle a été sa réception à l’époque, car j’étais bien loin de me préoccuper des politiques d’enseignement supérieur, mais il est tout à fait frappant de constater à quel point les questions qu’il soulève et les pistes qu’il propose sont d’actualité 15 ans après…

On aurait pu penser que le sujet était autant tabou ailleurs qu’en France, que peu de recherches abordaient frontalement cette question de la professionnalité enseignante dans le supérieur, et corrélativement que peu d’initiatives existaient…

Eh bien pas du tout ! Ailleurs, l’adéquation entre excellence de la recherche et excellence de l’enseignement est un objet de débat, pas une évidence.

Ce que les francophones appellent “développement pédagogique” se traduit par de nombreuses initiatives, allant de la formation classique à l’accompagnement plus ou moins individualisé. Bien sûr, elles sont souvent locales, militantes, disparates selon les établissements… donc peu visibles et difficiles à saisir pour les chercheurs ; et elles résultent plutôt d’une demande institutionnelle qu’elles ne sont sollicitées par les enseignants-chercheurs eux mêmes.

Mais les travaux existent, aux États-Unis depuis plus de 30 ans… Nombres d’associations professionnelles ont vu le jour : à l’échelle internationale, le POD Network et l’ICED jouent un rôle clé ; c’est avec l’appui des associations SEDA et HERDSA que le Royaume-Uni et l’Australie ont fait le choix de rendre obligatoire la formation à l’entrée dans la carrière d’enseignant-chercheur…

Le sujet semblait donc mériter que l’on s’y attarde un peu… c’est ce que confirme le dernier dossier d’actualité du service Veille et analyses de l’IFÉ, intitulé Savoir enseigner dans le supérieur : un enjeu d’excellence pédagogique.

Le moment semblait par ailleurs opportun. La modulation des services introduite par le décret de 2009 sur le statut des enseignants-chercheurs, n’a pas exacerbé l’enthousiasme… Parallèlement, la suppression du statut d’allocataire-moniteur a fragilisé l’existence des CIES, seul dispositif formel destiné à former les futurs enseignants…
Seules absences d’ombre au tableau : la création récente du réseau des SUP et indirectement l’engagement de la CPU et de la Caisse des dépôts en faveur de l’université numérique et des learning centres.

À quand des teaching and learning centres ?