Lise Vaudor, ISIG, UMR 5600
Comme son nom l’indique, la transformation en ondelettes continue diffère de son homologue discrète en cela qu’elle s’applique à des signaux qu’on considère “continus”. On traite alors le signal comme s’il s’agissait d’une fonction \(f\) du temps ou de la distance (qu’on dénotera \(x\) par la suite).
Ce n’est évidemment une “vue de l’esprit” permettant certains traitements mathématiques, car les données dont on dispose ne sont pas “continues” mais bien discrètes (on dispose de mesures prises à une série d’instants \(x\) ou à une série d’emplacements \(x\))…
La transformée en ondelettes continue permet d’offrir ce qu’on appelle une représentation temps-fréquence (ou représentation distance-fréquence, si \(x\) décrit l’espace et non le temps) d’un signal \(f(x)\).
Il s’agit en quelque sorte d’un “compromis” entre la représentation dans le temps (ou l’espace), et la représentation en fréquence (telle que celle que l’on obtient par une transformée de Fourier).
Ainsi le signal \(f(x)\) est simplement la somme de :
\[ \forall x \in [0,300[~~f_1(x)=0\\ \forall x \in [300,1000]~~f_1(x)=A_1cos(2\pi\frac{x}{T_1}) \]
\[ \forall x \in [0,800]~~f_2(x)=A_2*cos(2\pi\frac{x}{T_2})\\ \forall x \in ]800,1000]~~f_2(x)=0 \]
Imaginons maintenant que l’on ne sait rien de la manière dont \(f(x)\) a été construite.
La transformée en ondelettes devrait permettre de décrire ce signal à la fois en terme de distance/temps et en terme de fréquence, ainsi:
On note \(s_0\) l’échelle, et \(x_0\) une localisation.
Les coefficients d’ondelettes \(W(s_0,x_0)\) sont le résultat de la transformée en ondelettes, définie de la manière suivante:
\[ W(s_0,x_0)=\int_{-\infty}^{+\infty}\Psi_{s_0,x_0}(x)f(x)dt \]
Les fonctions d’ondelettes \(\Psi_{s_0,x_0}(x)\) sont définies à partir d’une fonction dite ondelette-mère \(\Psi_0\). Il en existe donc une infinité (autant que de valeurs possibles de \(s_0\) et de \(x_0\)!).
\[ \Psi_{s_0,x_0}(t)=\frac{1}{\sqrt{s_0}}\Psi_0(\frac{x-x_0}{s_0}) \]
NB: Ici par souci de simplicité je ne développerai la transformation en ondelettes d’un signal réel (et non complexe).
Il existe de nombreuses ondelettes-mères. L’une des plus connues et l’ondelette-mère de Morlet, telle que:
\[ \Psi_0(x)=\pi^{-1/4}e^{-x^2/2}cos(6x) \]
Voilà à quoi elle ressemble:
Les ondelettes-filles (ou ondelettes tout court) de Morlet sont donc une “déclinaison” (par dilatation -fonction de \(s\)- et translation -fonction de \(x\)-) de cette ondelette-mère.
Quelques ondelettes-filles:
Reprenons maintenant notre équation effrayante du début:
\[ W(s_0,x_0)=\int_{-\infty}^{+\infty}\Psi_{s_0,x_0}(x)f(x)dx \]
Cette équation signifie que l’on peut calculer le coefficient d’ondelette à l’échelle \(s_0\) et à la localisation \(x_0\) de la manière suivante:
Intéressons-nous par exemple au coefficient d’ondelette \(W(s_0=50,x_0=300)\):
Faisons maintenant le même calcul en faisant varier la valeur de \(x_0\):
On voit ici que le coefficient d’ondelette (pour une échelle et une localisation donnés) est d’autant plus grand (valeurs positives) que l’ondelette et le signal “se ressemblent”. Il est d’autant plus petit (valeurs négatives) que l’ondelette et le signal sont opposés. Et il est d’autant plus proche de 0 que l’ondelette et le signal n’ont “rien à voir” l’un avec l’autre.
Voyons maintenant ce qui se passe à une échelle plus large
Et ce qui se passe à une échelle où a priori il ne se passe pas grand chose:
On constate bien que les coefficients d’ondelettes \(W_{s_0,x_0}\) sont plus importants (en valeur absolue)
On constate aussi qu’il se passe des choses étranges “sur le bord”. Nous y reviendrons par la suite.
A titre d’exemple, j’ai montré comment calculer les coefficients d’ondelettes pour 3 échelles seulement (et pour 3 échelles choisies pas vraiment au hasard)…
La transformée en ondelettes fournit en fait ces coefficients d’ondelettes pour un grand nombre d’échelles. Ce faisant elle fournit un graphique qui représente 3 informations: le temps (ou la distance) en x, l’échelle en y, et les coefficients d’ondelettes en z.
Il s’agit ainsi soit de représenter la transformée en ondelettes par un graphique en 3D, soit de trouver une astuce de représentation, par exemple en optant pour une représentation qui ressemble à une “carte de chaleur”…