Pas de fric pour Ange Pitou

Séquence vocalique parue dans Formules No. 3, 1999.
 
 

à Cheril Poulp,


1. Max et Riton — Un casse incongru.

  Max blémit, louchant vers Riton.
  — « Fuck, man ! Les flics sont sur place. Ils ont su par ce p’tit mouchard de Gino ! », hurla Henri.
  Hold-up raté !
  — « Filons ! »
  Jurant sec, il roula plein pot. Vu par les flics d’Houlgate, il tourna et, mis sous la pression d’un an en prison, buta les flics.
 
2. Où aller ? — Riton furax.

  Les flics out, Max reprit courage. Il souffla et rit sous cape. Riton, fumasse, dit :
  — « Où aller ? »
  — « Riton, du calme ! » fit, sourd, Max.
  — « Des zigs ont dû mater. S’ils nous caftent, dis donc…, dur ! »
  — « Cave ! Ils sont quatre pignoufs ! T’as des frissons ? Tu vas gémir pour ça ? Les flics sont nuls… »
  — « Ça … Et sinon ? »

3. Un grand dépit, ou “pas de fric pour Max et Riton”.

  — « Tu pars, mec ? »
  Riton, suant, rendit fou Max :
  — « Les biftons du casse, ils sont plus là, hein ? »
  — « Où ça, les biftons ? Tu m’lâches, dis ?! »
  — « Top gun ! Pas de bijoux … pas de fric … cocus, man, j’te dis, cocus ! »

4. “Ange Pitou”.

  L’argent introuvable, Riton dut ramer.
  Il joua en filou averti : toquante inox, futal de milord, brun, ras de cils, moustache, fin foulard de lin sous drap de pilou, gants nets, il troqua enfin son pull ras et prit — pour passer inconnu dans les mil jours à venir — pour blaze Pitou (“Ange” Pitou).

5. Ange Pitou travesti — Boulanger impromptu — Camé dissolu.

  Après l’impro du casse, Pitou, travesti, s’occupa de filons plus calmes : il loua des silos usagés, invoqua le mitron du Pape (si bon), bulla, se fit boulanger, prit (pour l’affection) un âne gris, joua.
  Et si, soulagé, il goûta le si doux appel d’inconnus cachets, il connut l’après, flip ouaté, fin soûlante.

6. Riton sur Arte — Pitou chassé.

  Il tourna des sitcoms nuls avec Sim. Pour Arte, il joua le fils d’Horus dans des films courts ratés (d’incongrus navets).
  Il doubla les Simpson sur France 3, filon durable dit-on. Quand le filon s’usa — et Pitou avec —, il s’outra et invoqua des pistons nullards : le dirlo dut chasser Pitou.
  Pas de fric, chomdu sans le RMI, où aller ?
  Il toqua chez Gino …

7. Un cave — Pitou va chez Gino.

  Quand le “p’tit mouchard” le vit, son futal devint coulant! Esprit obtus (grave), il douta. Cet impromptu-là (« C’est  Riton… »), tu parles si l’occupant en fit son truc sans frémir!
  Couard-né, Gino, suant de frissons, jura enfin — mon cul! — d’armer Riton :
  — « Tu… tu as là le… le fric… Tip-top! O.K. ? »
  Un cas, ce Gino : truand et si con! Un cave…
  Riton scruta le lit tout blanc, en fit son plumard et prit son dû.

8. Dans des bistrots gluants — Le Disco-Club.

  Chassé, Gino dut aller — grigou — dans des tripots puants, des bistrots gluants, des zincs pourraves : il toucha le fin fond du bas.
  De fins soulards en virons, buvant des litrons d’un sacré vino brûlant, c’est fin soûl, camé, intox, qu’avec l’info d’un naze, il trouva le Disco-Club “Grande Rio” (rumba, jerk, hip-hop, funk)…

9. “Grande Rio” — Un rade bidon.

  Un tas de VIP croulants !
  — « Brésil, où ça ? Et Rio ? Tu parles !»
  Gino crut atterrir où, d’hab, des gringos du 3° âge, gris, font du plat (tels Michou) à des inconnus sapés string.
  Roulant des biscos, un grand mec l’importuna et Gino dut calmer l’importun :
  — « Assez ! Fi ! Houla, le mignon ! Tu t’casses, sinon… »
  Quand le mignon fut lassé, il gloussa tel l’hibou palmé. Gino jura (dépit ou rage) :
  — « Disco-Club, ça, merci! Non… tu gaves ! »

10. Frissons — Bluffante intouchable.

  — «Lights, vous avez ?»
  Flirt ou pas, esprit Don Juan, ce si doux appel-ci toucha net Gino. Mû par désir, louchant de sitôt sur l’ange, il globula et vit, dos nu, strass et bijoux, bas très fins,  troublants seins obus, jambes Dim trouant le lin moulant, LE chic top ultra-sex introuvable, intouchable…
  Intouchable ?

11. Cris (« Oh ! ») du brave — Brio du cave.

  Six clops plus tard (des lights, ouf !), l’ange si troublant défit — jouant — ses zips.
  Sous sa pression brûlante, Gino dut lâcher itou (sans frein) son futal et il copula — Berlioz du clandé, Listz pour dames, Miro du grand désir fou… — avec brio.
  Nu dans le lit mou, draps en chiffons, rut calmé, il souffla enfin, jouant l’esprit fort :
  — « Un cave, Gino ? Un as, j’te dis ! »
  Soulagé, Gino !

12. Un drame — Gino, un as ès bingo.

  Quand, petit jour pâle, il toussa et prit son pull, pas de bisoux salés ni d’ondulante Lison !
  Quatre fils d’or sur drap de lit, troublants et fins… : touchante fin pour l’ange si doux, lardé — si choquant vertigo du sang ! — de dix coups d’hache.
  Gino crut clamser.
  — « Shit ! »
  Pouls glacé, il boucla le giron du drame, fit pour sa Cendrillon (un ange…) l’impro d’un grand merci.
  Courant enfin pour avertir (« S.O.S. ! Un drame ! »), il toucha le bingo : un car de flics…

13. Journal de Gino — Un an en prison.

  — « Un rat écrit, pour baver, “Gino tu m’as ben mis K.O.”… but atteint : coupable ils m’ont cru ! As de flics… Mouchardé, mis pour ça en prison, tu parles ! Ils ont cru à ce filon nul… Sans mentir, pour ça c’est Riton, sûr ! »
  La pension l’usa sec. L’intox nullarde “si coupable, il mourra en prison” l’usa sec itou. (Ça le mit down.)
  Un an se fit.
  Or, quand enfin on buta le vil coupable — filou barj’, de Lison un an épris —, on dut par cet impromptu lâcher Gino.

14. Un rade — Lipo butant le ripou.

  Dans le fin fond d’un rade, Gino put armer Lipo — un as des flingos, gus d’avenir — pour branler Riton. Quart de prix pour l’arme, il doubla le prix pour l’agression.
  Un calme, Lipo… Un sacré mi-lourd, carré ! Il s’occupa de Riton, buta le ripou, attention ! Brutal…
  Et Lipo, Bruant de l’impro brûlante, flingo fumant, ventriloqua vers Riton (du sang plein son pull) :
  — « L’asticot puant gît sous l’abricot mûr… »
  Çà, c’est Lipo !

15. Quatre-vingt m2, Motusstrasse.

  Dix jours après, Gino put aller, inconnu, à Berlin. Soulagé, il loua et prit pour base 80 m2 sis Motusstrasse.
  Il connut “Ja”, “Nein” ou “Ach, mein Gott ! Du sagst « Kein Bock »?  Null !”.
  Pas d’espion.
  Musarder…
  Gino lut sans répit, ouvrant des Villon, Dumas, Crébillon, Duras, Levi, Proust, Gracq, de Lillo, du hard en philo (Glucksmann, Petitot), du Marx (des kilos !), un Sade introuvable (“Vic, ou l’Arétin outragé”).

16. Fin touchante — Fin poulpante.

  Il trouva enfin son truc : à Berlin, Motusstrasse, il coucha en six jours, par écrit, son dur passé. Il formula ceci pour l’avenir, trouvant le filon d’un bath récit touchant. Petits bouts par petits bouts, ça devint jouable. Il boucla enfin l’opus avec brio.
  Quand le dit ouvrage (si gros !) fut là, le filou avertit J.B. Pouy .