L’espace insondable du doute : approche géographique des incertitudes environnementales

Séminaire du projet PEPS : « Les sciences, le doute instrumentalisé et l’ignorance produite », ENS Paris – PSL. 5 avril 2013

Malte Martin. "L'espace est un doute". Droits réservés

Malte Martin. « L’espace est un doute ». Droits réservés

Communication de R. Garcier: « L’espace insondable du doute : approche géographique des incertitudes environnementales »

Développée à partir de l’analyse d’un cas détaillé (la pollution de l’eau par l’industrie de l’acier dans l’Est de la France depuis les années 1850 et sa justification), cette intervention propose une réflexion sur la place des arguments « spatiaux » dans la création du doute scientifique ou technique. Elle veut montrer comment l’espace et la spatialité des phénomènes peuvent constituer de puissants opérateurs de doute, parce qu’ils introduisent une solution de continuité entre ce qui est démontré in vitro, dans l’espace clos du laboratoire, et la manière dont les phénomènes se déploieraient dans l’espace concret, réel – approchable, dans le meilleur des cas, par la modélisation. Cette instrumentalisation de l’espace est fréquente dans le domaine de « l’environnement » (pollution, santé environnementale) mais elle est probablement insuffisamment thématisée.

C’est pourquoi la communication avance l’idée qu’il existe quatre « modes de convocation » de l’espace par le doute. Par l’analyse ou l’approche de quelques controverses environnementales récentes (la gestion des déchets nucléaires – notamment par immersion, la controverse climatique, la question des dépôts radioactifs de Tchernobyl et de Fukushima), nous montrerons ces différents modes de convocation à l’œuvre et formulerons l’hypothèse que l’indécidabilité des arguments spatiaux les rend particulièrement efficaces (et donc populaires) en situation de controverse.

Mots clés : géographie ; pollution ; nucléaire ; espace.

Papier joint :

R.j Garcier. « The placing of matter: industrial water pollution and the construction of social order in nineteenth-century France”, Journal of Historical Geography, Volume 36, Issue 2, April 2010, pp. 132-142

Références :

Jacob Darwin Hamblin. Poison in the Well: Radioactive Waste in the Oceans at the Dawn of the Nuclear Age. Rutgers UP, 2009.

David Livingstone. Putting Science in Its Place: Geographies of Scientific Knowledge. University of Chicago Press, 2003.

Nigel Thrift. “Flies and Germs: A Geography of Knowledge”, pp. 366-403 In Derek Gregory et John Urry (dir.), Social Relations and Spatial Structures, Macmillan, 1985.