Le Fripon, un géographe ?

Si le Fripon a une apparence inoffensive – il a été rapproché du bouffon ou du clown –, ce personnage rusé, farceur et moqueur remet en cause l’ordre établi. Insaisissable, effrontée et ambiguë, cette figure mythique peut évoquer la géographie par la position de médiatrice qu’elle tient à l’égard d’institutions qui l’ignorent, l’excluent ou la précèdent et son intérêt pour ce qu’elles délaissent. G. Pellé (2014) pose ainsi la question suivante : « le regard géographique se définirait-il par tout ce qu’il n’est pas ? Dans la marge des approches des autres disciplines ? » (p. 2). Continuer la lecture

Remonter le vent

L’attention portée à l’environnement varie selon les techniques utilisées pour le parcourir, l’aménager ou l’exploiter. Aussi l’invention du moteur à explosion a-t-elle changé la donne et probablement témoigne-t-elle d’un gain de connaissance. Elle a contribué à l’émergence de nouveaux usages du monde. Mais n’a-t-elle pas eu aussi pour conséquence quelque forme d’oubli ? La voile soutenait tout un imaginaire de l’air. L’utiliser à bon escient impliquait une compréhension de certaines des modalités d’interactions avec l’environnement invisible. A l’occasion, au prix d’un dérèglement de la perception de l’espace et du temps, la navigation de plaisance en ranime quelques-unes et permet de renouer avec d’anciennes pratiques. Continuer la lecture

D’Ophélie et des eaux mortes

Pourquoi l’eau courante et pure, méandrant dans un écrin de végétation entretenue, est-elle si appréciée ? Certains paysages feraient l’objet d’archétypes, « c’est-à-dire des formes héritées universellement présentes dont l’ensemble constitue la structure de l’inconscient » (Jung, 1953). Les cours d’eau s’y prêtent particulièrement, à tel point que les experts, les gestionnaires et les praticiens y perdent leur savoir-penser technique et scientifique lorsqu’ils y interviennent. Bien souvent, mieux que les vaines conclusions issues des études scientifiques, l’imaginaire poétique et artistique rend compte des attitudes à l’égard des écosystèmes aquatiques, comme si ces derniers réveillaient des aptitudes naïves, spontanées et enfantines chez celui qui rêve trop de l’eau.

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