Graphes et algèbre (max,+).
Certains problèmes de graphes ont des liens forts avec les
algèbre (min,+) ou (max,+), parfois appelées
algèbres exotiques ou
tropicales. Pour ces algèbres qui
sont en fait des semi-anneaux où min (ou bien max) et +
remplacent respectivement + et ×, une algèbre
linéaire spécifique a été
développée, avec notamment des applications aux
réseaux de Petri, en évaluation de performances des
réseaux et en automatique.
L'objectif de ce sujet est d'illustrer les liens entre ces
algèbres et des problèmes de graphes. Les points suivants
proposent des pistes :
- Illustrer le fait que certains problèmes de graphes se
traduisent bien en termes d'algèbre linéaire (min,+) ou
(max,+). Donner par exemple le lien entre le calculs des plus courts
chemins entre tous les sommets et les puissances de matrices en (min,+)
(dans la multiplication de matrices en (min,+), on remplace dans la
formule classique de multiplication les + et × par respectivement
min et +, on conserve l'associativité de la multiplication de
matrices).
- Illustrer le fait que l'étude de l'algèbre (min,+)
ou (max,+) utilise la théorie et l'algorithmique des graphes.
Par exemple, un théorème fondamental donne le
comportement asymptotique des puissances d'une matrice dans
l'algèbre (min,+). Dans l'algèbre classique (+,×),
quand k tend vers +∞, les
puissances Mk font ressortir les
valeurs propres
de M, notamment la plus grande en module. Dans l'algèbre
(min,+), à toute matrice M de taille n × n à
valeurs dans R ∪ {+∞}, on associe un graphe orienté et
pondéré G(M) sur V={1,...,n} avec un arc
de
poids M[i,j] entre i et j, uniquement si M[i,j] ≠ +∞. La matrice est
dite irréductible si
G(M) est fortement connexe. On a le résultat suivant :
- Théorème
fondamental des matrices itérées : dans
l'algèbre (min,+), soit M une matrice irréductible, alors
elle admet une unique valeur propre λ qui est le poids moyen minimum
d'un circuit (poids moyen = somme de poids / longueur du circuit). De
plus il existe deux entiers K
et c tels que ∀ k≥K, Mk+c
= Mk + cλ.
- Pour utiliser ce théorème en pratique,
présenter au moins un algorithme polynomial de calcul de λ
à partir de G(M), par exemple celui de Karp.
- L'entier c est
parfois
appelé cyclicité
ou période.
Considérer le graphe Gc(M) des circuits critiques de
G(M) :
c'est le graphe partiel de G(M) où seuls sont conservés
les arcs appartenant à un circuit de poids moyen λ. La
cyclicité de Gc(M) est le ppcm des cyclicités
de ses composantes fortement connexes. La cyclicité d'une
composante fortement connexe de Gc(M) est le pgcd des
longueurs de tous ses circuits. On est donc ramener à un
problème de graphe orienté : calculer le pgcd des
longueurs de tous les circuits d'un graphe fortement connexe. Proposer
au moins un algorithme polynomial pour résoudre ce
problème (vous pouvez en imaginer un en vous basant sur un DFS,
ou présenter celui suggéré dans le livre Digraphs de Bang-Jensen et Gutin).
- Donner éventuellement des exemples d'application de ce
théorème fondamental des matrices itérées,
ou d'autres applications en lien avec les algèbres (min,+) ou
(max,+) et les graphes.
Quelques références (pas
exhaustif).
- Introduction to Algorithms,
livre de T. Cormen, C. Leiserson, R.
Rivest (et C. Stein dans la dernière édition), MIT Press
(2001) (traduit en français: Introduction à
l'algorithmique, chez Dunod).
Une section traite du problème des plus courts chemins et
l'algorithme de Karp de calcul de λ, poids moyen minimum d'un circuit,
est donné en exercice (voir l'index).
- Digraphs: theory, algorithms
and applications, livre de J.
Bang-Jensen et G. Gutin, Springer
(2002). La cyclicité c
est appelée période
et deux algorithmes de calcul sont mentionnés page 567. Le
premier se réfère au théorème 10.5.1 et
à l'exercice 10.25. L'autre s'appuyant sur un DFS correspond
à la question posée dans les points au-dessus. Il est ici
attribué à Knuth, à d'autres endroits il est
parfois associé à Denardo.
- Synchronization and Linearity,
un livre online de F. Baccelli, G; Cohen, G. Olsder et J.-P. Quadrat, Wiley (1992). Pour ceux qui souhaitent
une preuve du théorème fondamental des matrices
itérées, allez en section 3.7.4, page 148.
- L'algèbre des sandwichs, article de G.
Cohen, S. Gaubert, and J.P. Quadrat
dans Pour la Science, pages
56--63, Février 2005. Présentation des algèbres
(max,+) et (min,+) avec des exemples d'utilisation.
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