La profession universitaire aujourd’hui : quelle place pour le travail d’enseignement ?
Dans ce nouveau dossier de veille je poursuis les réflexions engagées en 2011 sur la formation des enseignants du supérieur et vous invite finalement à un pas de côté : ne pas juste creuser le sillon de la formation – dont la mise en oeuvre pour les nouveaux maîtres de conférence est désormais obligatoire – mais prendre en considération l’ensemble du travail universitaire, donner une place aux tensions entre recherche et enseignement, constitutives du métier depuis le 19e siècle, et ne pas négliger la dimension RH et les déroulements différenciés de carrière.
Une entreprise stimulante car elle requiert de s’attacher à dépasser les clivages entre science studies et educational studies qui fonctionnent les unes et les autres dans des univers généralement cloisonnés !
En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=116&lang=fr
S’il fallait retenir un seul mot clé de ce dossier de veille, ça serait sans doute le mot « différenciation » : une différenciation qui s’observe à la fois aux niveaux des établissements, des emplois et des carrières ainsi qu’à celui du travail académique, mais qui en France se développe en marge du cadre légal, toujours fortement imprégné par la prééminence d’un pouvoir central garant de l’unité des formations et de l’égalité de traitement des personnels…
Voici le résumé de l’article :
Toutes les universités, tous les universitaires s’engagent-ils simultanément sur la qualité de la recherche et de l’enseignement ? Ce dossier examine les tensions propres à ce couplage fondateur à la lumière de quelques travaux de recherche récents, français et européens.
Une première partie s’intéresse à l’évolution des missions dévolues aux universités et aux processus de différenciation qui revisitent le modèle humboldtien du XIXe siècle. Une deuxième partie analyse la diversification des modes d’entrée dans la carrière académique et la structure française des emplois scientifiques et pédagogiques. La troisième partie porte sur le travail académique et les asymétries fonctionnelles liées aux tâches de recherche et d’enseignement, et examine les facteurs influençant l’orientation différenciée des activités.
et son plan détaillé :
1/ L’université, d’hier à aujourd’hui
- La référence à Humboldt : un mythe plus qu’une réalité
- Humboldt : un idéal de formation par la recherche
- De l’université à la « multiversité » ?
- De la différenciation des institutions à celles des emplois ?
- Allemagne : une différenciation institutionnelle avortée
- Au Royaume-Uni, une différenciation fractale
- Le double dualisme à la française
- Une déclinaison bien française du modèle allemand
- Vers une différenciation implicite des universités ?
2/ Des emplois et carrières universitaires plus diversifiés
- Des voies alternatives pour entrer dans la carrière
- Vers une diversification des modèles de carrière en Europe
- En France, un cadre rigide et des dispositions dérogatoires
- Des carrières marquées par une forte hétérogénéité
- Pas de « corps enseignant » dans les universités
- Une population enseignante de plus en plus composite
- Une faible gestion prévisionnelle des emplois
3/ L’enseignement : une activité parmi (beaucoup) d’autres
- Un éthos professionnel en tension
- Une profession académique qui se dissout ?
- Une continuité globale, des rééquilibrages constants
- Recherche et enseignement : des asymétries fonctionnelles
- Des tensions plus vives en France
- Des activités plus diversifiées et moins autogouvernées
- Une modulation plus dérogatoire que statutaire
- Une faible réflexion sur les apports des PRAG et PRCE
- Faiblesse du travail collectif et rivalités
- Comment s’opèrent les choix de carrière ?
- Poids du premier emploi et division du travail
- Poids de l’environnement disciplinaire
- Influence mimétique des pairs vs indice personnel