Le titre vous semble un peu provocateur ? si seulement… C’est en tous cas la conclusion de la conférence que j’ai donnée à l’ESEN devant les futurs inspecteurs et chefs d’établissements : les systèmes d’enseignement supérieur les moins sélectifs sont en effet les moins performants.

Quand on y réfléchit un peu, cela n’a rien d’étonnant : la corrélation positive entre étudiants sélectionnés et diplômation n’est plus à prouver depuis longtemps… Seulement on ne disposait pas à ma connaissance de travaux comparés permettant de le démontrer de façon probante à un niveau systémique… c’est désormais chose faite, avec Study on the impact of admission systems on higher education outcomes publié par Eurydice récemment. La grille de lecture proposée s’appuie sur un modèle tripartite combinant :

  • la responsabilité des lycées dans le choix des élèves qui peuvent ou non poursuivre leurs études (tous les parcours secondaires permettent-ils ou non d’être admissibles ou admis dans le supérieur ?) ;
  • la responsabilité des établissements d’enseignement supérieur dans le choix des candidats qu’ils recrutent (les formations appliquent-elles des critères supplémentaires ou non au niveau de qualification ou au niveau de performance dans la qualification requis ?) ;
  • et la responsabilité des élèves (et de leur famille) dans les choix d’orientation opérés.

Dans les pays où les régulations, tant par les lycées que par les établissements supérieurs, sont minimales, les risques pour les étudiants de ne pas obtenir leur diplôme et d’être confrontés au chômage sont augmentés.

Difficile après ça de continuer à nous faire croire que l’échec en premier cycle est (uniquement) imputable à des défaillances individuelles ! La question du continuum -3 +3, telle qu’on la pose en France depuis 2010, a donc encore de beaux jours devant elle !

Pour en savoir un peu plus, je vous invite à lire l’article publié sur Éduveille au retour de Poitiers.