En tant que support matériel de notre société numérique, l'électronique contribue aux avancées technologiques de tous les domaines de la connaissance. Les défis technologiques de l'électronique incluent notamment l'efficacité énergétique, la cybersécurité matérielle, la miniaturisation, et la sûreté de fonctionnement. Chaque solution à ces enjeux ouvre de nouveaux marchés, et crée des milliers de nouveaux emplois chaque année. L'électronique produit mondialement 53 millions de tonnes de déchets par an, déchets qualifiés de e-waste. Moins de 20% de ces e-waste sont recyclés, et la tendance de la production annuelle des e-waste est à la hausse. L'impact carbone de la fabrication et de la fin de vie des systèmes numériques intervient de plus en plus dans l'impact carbone de leur cycle de vie complet, au côté de l'impact carbone de leur alimentation en énergie. Dans ce contexte, de nouvelles méthodes sont nécessaires pour augmenter la réparabilité, la reconfigurabilité et la réutilisabilité des systèmes, ainsi que pour réduire les impacts de la production et de la fin de vie des systèmes. Le mouvement "open source hardware" en cours, équivalent au mouvement "open source software" des années 2000, constitue une opportunité pour construire des technologies durables d'interopérabilité et d'évolutivité des systèmes électroniques. La communauté du GDR SOC2 est fortement impliquée dans ce mouvement, notamment sur la conception de systèmes à base de cœurs RISC-V. Si ces technologies n'éviteront pas à elles seules l'effet rebond, elles seront un outil indispensable pour effectuer les réductions drastiques d'émissions de gaz à effet de serre et de déchets nécessaires pour atteindre la soutenabilité. Le projet PIA Compétences et Métiers d'Avenir ESOS (https://esos.insa-rennes.fr, 2023-2028) financé par France2030 vise à mettre en place les méthodes de conception d'une électronique soutenable, et à former les techniciens, ingénieurs et docteurs à même de mettre en œuvre cette transition.
Maxime Pelcat est maître de conférences à l'INSA Rennes. Il effectue ses recherches à l'IETR, UMR 6164 du CNRS. Il a obtenu son HDR à l'Université Clermont Auvergne en 2017, et son doctorat à l'INSA Rennes en 2010 en collaboration avec Texas Instruments. Il s'intéresse aux propriétés physiques des systèmes de calcul et est auteur de plus de 80 publications dans les domaines des modèles de calcul, des modèles d'architecture, de l'efficacité énergétique, de la cybersécurité matérielle et de la programmation des systèmes embarqués parallèles. Il a été program chair de la conférence SAMOS-IC en 2019, président du comité d’organisation du colloque du GDR SOC2 en 2020 et general chair de la conférence IEEE SiPS en 2022. Maxime Pelcat est éditeur associé du Springer Journal of Signal Processing Systems et membre du comité d'animation du GDR SOC2. Il a participé à deux projet H2020, 1 NSF, 1 FUI, et 2 ANR, et est porteur du projet PIA4 ESOS. Maxime Pelcat était membre du comité national du CNRS, CoNRS section 07 "Sciences de l'information" de 2018 à 2021. Il est auteur du livre "Physical Layer Multi-Core Prototyping" Springer, 2012.
L'intelligence artificielle est souvent présentée comme un levier pour faire face aux crises environnementales, mais sans prendre en compte les impacts des systèmes d'IA eux-mêmes. Nous montrerons quelles sont les spécificités de l'IA d'un point de vue de ses impacts environnementaux, en prenant en compte l'ensemble du cycle de vie des équipements, différents indicateurs environnementaux, et des effets indirects. Nous discuterons également de l'évaluation des bénéfices potentiels d'applications de l'IA pour des problématiques environnementales.
Anne-Laure Ligozat est enseignante-chercheuse à l'ENSIIE et au laboratoire LISN en région parisienne. Ses travaux de recherche portent sur les impacts environnementaux du numérique, et en particulier de l'intelligence artificielle.
Cet exposé vise à initier une réflexion sur ce que peut -- ou pas -- le numérique dans le contexte de la crise climatique qui se déploie, en se basant autant que possible sur des travaux de recherche académiques. Nous commencerons par poser le décor et rappeler les faits sur la matérialité du numérique et de l'Internet, en prenant en compte toutes les phases de vie des équipements : production, usage et fin de vie. Nous essaierons ensuite de comprendre l'impact du numérique dans différents secteurs dans lesquels on veut le déployer : ville intelligente, agriculture intelligente, etc. Les études scientifiques dans ces domaines apparaissent souvent contradictoires et peinent à démontrer un impact positif a priori. Nous croiserons bien sûr l'effet rebond, mais plus généralement les catégories d'effets directs et indirects. Nous tenterons aussi de donner des éléments d'analyse sur le numérique en sortant du domaine et en interrogeant l'économie. L'objectif, au final, est d'ouvrir à une réflexion sur notre rôle en tant que scientifiques face à la crise, entre le techno-solutionnisme et l'éthique environnementale promue dans un avis récent du comité d'éthique du CNRS.
Guillaume Urvoy-Keller est Professeur à l'Université Côte d'Azur depuis 2010, spécialisé dans les réseaux informatiques. Il dirige le groupe de travail CO2 du laboratoire I3S pour réfléchir sur l'impact environnemental de nos activités. Il est également impliqué dans le groupe enseignement du GDR Labos1p5.
"Behave: Pushing End-Users' Behavioral Change in Software Energy (Adel Noureddine)" - Vidéo - Audio The rise of the energy impact of software systems requires the need to optimize and reduce their energy consumption. One area often neglected is the important role played by users to drive energy reductions. In this talk, we present our research and first of its kind experimental field study in reducing the energy impact of software by pushing end users to change their software usage behavior, through raising awareness and providing software green feedback. We then leverage the knowledge obtained from this field study and present our new research directions in the ANR-funded Behave project.
Adel Noureddine est maître de conférences à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour à Pau, au sein du laboratoire LIUPPA. Il travaille sur le Green IT et le génie logiciel vert et empirique, avec une spécialisation dans la mesure énergétique, l'analyse des facteurs impactant l'énergie logicielle, et le rôle des utilisateurs finaux dans les économies d'énergie dans les systèmes informatiques.
"Green PauWare: Tools for lower-carbon mobile software (Olivier Le Goaer)" - Vidéo - Audio The "Green PauWare" (pronounce, green power) is a developper-centric research ambition for chasing energy inefficiencies in software programs. In this talk, we present the rationales behind two tools dedicated to the Android platform and made in UPPA: the static program analyser ecoCode and the energy profiler PowDroid. Based on this complementary toolsuite, future applied research directions can be drawn.
Olivier Le Goaër est maître de conférences à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour à Pau, au sein du laboratoire LIUPPA. Son intérêt porte sur le génie logiciel vert, avec une spécialisation dans l'éco-conception logicielle des apps mobiles, car exécutées sur des périphériques limités par leur batterie.
Historiquement, la Recherche Opérationnelle a émergé juste après la seconde guerre mondiale en proposant un champ d’étude mathématique et informatique au service des problèmes sociétaux (logistique, transports, etc.). C’est aussi une communauté où les interactions avec les entreprises sont nombreuses et efficaces. A ce titre, la prise de conscience de la communauté de la Recherche Opérationnelle et d’Aide à la Décision sur les questions environnementales a été assez naturelle. Certes, comme partout, il reste des chercheur.e.s sceptiques, mais dans l’ensemble, la communauté a pris conscience de l’ampleur de la crise climatique et de son origine venant de la croissance toujours plus grande des activités humaines. Dans cet exposé, nous présenterons la structuration du GdR, puis à travers quelques exemples, nous développerons un état des lieux des grands domaines qui ont pris en compte les questions écologiques dans le traitement des problèmes posés. Nous ouvrirons ensuite le débat sur les pistes et la difficulté de dépasser une simple optimisation de processus respectueux de l’environnement pour apporter des solutions à la hauteur des enjeux globaux.
Denis Trystram est professeur en Informatique à Grenoble INP, Université Grenoble Alpes. Il est membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Il a été directeur du pôle de recherche qui coordonne en Mathématiques et Informatique de l’université Grenoble Alpes de 2018 à 2020. Ses recherches passées ont porté sur la conception et l’analyse d’algorithmes pour la gestion efficace des ressources dans les plates-formes distribuées. Il a contribué en particulier à l’optimisation de la consommation énergétique sur les systèmes de calcul à grande échelle et les data centers. Depuis quelques années, il a tourné ses recherches principalement sur les impacts du numérique sur l’environnement. Il est porteur d’une chaire dans l’institut grenoblois d’Intelligence Artificiel MIAI (sur le thème du edge computing et de l’apprentissage sobre). Denis coordonne un groupe transveral au sein du GdR RO sur le "green OR" qui questionne les usages de la communauté vis-à-vis de la crise climatique. Il fait partie du GdS EcoInfo et intervient souvent dans la Société sur des actions de médiation sur les questions d’écologie liées au numérique.
Jean-Marc Nicod est professeur en Informatique à SUPMICROTECH/ENSMM Besançon et chercheur à l'Institut FEMTO-ST, responsable de l'équipe DATA-PHM du département AS2M. Il est chargé de mission numérique et correspondant science ouverte pour son établissement. Il est également co-créateur de la spin-off VERSO-OPTIM. Ses recherches ont d'abord porté sur l'algorithmique parallèle et les systèmes distribuées, le méta-computing, l'ordonnancement dans le domaine HPC puis industriel et l'aide à la décision. Depuis quelques années il contribue à l'optimisation du pilotage et du design de plateformes type data centers totalement alimenté par des sources d'énergie renouvelables sur la partie calcul et la partie énergie. Il contribue également aux algorithmes de traitement de données et d'images dans le domaine de la médecine nucléaire. Il est par ailleurs depuis 2020 co-animateur de l'axe OPA du GDR-ROD et responsable du groupe de travail SCALE dans cet axe du GDR.