Les périmètres de l’action sociale (M. Schwarz)

PAR MARIUS SCHWARZ

Pour quelles raisons les acteurs ont-ils choisi leur périmètre ?
Nous allons ici traiter du vieillissement de la population dans le triangle de Brioude, Issoire et Ambert. Pour analyser cette situation dans une façon plus précisément, il faut insister sur le rôle des différents acteurs, soit du secteur privé, soit du secteur public. Nous avons fait des entretiens avec des employés qui travaillent dans le secteur de l’aide à domicile des personnes âgées.
Le vieillissement de la population est une problématique difficile à résoudre pour le Conseil
régional de l’Auvergne. La mobilité et le soin à domicile des personnes âgées deviennent des problèmes de plus en plus importants. En raison d’une répartition de la population très inégale et d’une densité très faible, la région Auvergne doit combattre le processus de l’isolement.
Or, il s’agit d’analyser la différence entre les structures des organisations divergentes dans le secteur de l’aide à domicile en traitant la question du choix de leur périmètre d’action. Prenons le cas du Centre intercommunal de l’Action Sociale (CIAS), une structure qui intervient sur le niveau intercommunal. À l’exemple du CIAS Ambert, cette association s’occupe de sept communes avec un bassin de 10-000 habitants. En analysant le périmètre d’action, nous pouvons observer une situation très difficile liée à son étendue intercommunale. Pour eux, il est difficile de s’occuper de plusieurs communes dans une seule matinée. Pour cette raison-là, une tournée de 70 kilomètres le matin s’avère comme un périmètre trop élargi pour garantir un système bien organisé et structuré. De plus, avant l’action au niveau intercommunal, le CIAS Ambert intervenait uniquement au niveau communal, dans un petit périmètre. Mais, nous devons également respecter l’importance de ce service dans ce territoire. Cette organisation doit travailler sur un périmètre intercommunal puisqu’il y a un manque d’associations et donc, le CIAS reste le seul acteur sur ce territoire. Ainsi, en raison de l’absence d’autres organisations et du changement de l’action sociale du niveau communal au niveau intercommunal, agir à l’échelle intercommunale est absolument nécessaire pour proposer une offre suffisante pour toutes les communes. Peut-être la situation est-elle difficile à cause du rayon élargi, mais pour les personnes dépendantes, ce service se présente comme indispensable.

Au niveau départemental, le service de APAMAR fait preuve d’une organisation plus structurée en raison de l’action sur le territoire du Puy-de-Dôme. Avec sept antennes dans le département, cette association s’occupe d’une zone présentant de fortes difficultés d’accès. Si on intervient sur tout le département du Puy-de-Dôme, on travaille dans un secteur très rural et également montagneux. C’est pourquoi APAMAR a adapté son périmètre d’action aux lieux de domicile de ses employés. En effet, le rayon est de l’ordre de 20 kilomètres de l’habitat des intervenants pour garantir une meilleure accessibilité. Cependant, nous devons insister sur le fait de la dimension de APAMAR. Avec 1400 bénéficiaires et presque 400 employés, cette organisation est capable d’attribuer à chaque
équipe d’intervention un territoire plus petit. En plus, dans le département du Puy-de-Dôme, la concurrence dans le service de l’aide à domicile est beaucoup plus fréquente. De ce fait, l’action sociale dans ce secteur doit se focaliser sur la proximité de ce service en milieu rural. Ainsi, le choix du périmètre dans une association avec une telle vocation départementale se dirige vers le domicile des intervenants. Par cela, on peut garantir un service de proximité qui est nécessaire dans un territoire marqué par les difficultés de la saisonnalité d’hiver et de la concurrence des autres services dans ce domaine.

Dans le secteur associatif, nous avons également rencontré l’organisation UNA qui se trouve dans le centre de Brioude. Cette association a choisi un périmètre d’un diamètre de 30 kilomètres, alors un rayon qui est beaucoup plus petit que celui de APAMAR. Mais, UNA n’intervient que sur Brioude. Alors, dans un rayon de 30 kilomètres, les conditions hivernales posent problèmes. De plus, les intervenants sont obligés d’avoir un véhicule personnel pour travailler chez UNA. Cela explique que la flexibilité des employés soit très importante et qu’un secteur d’intervention n’existe pas officiellement. Un facteur également primordial pour le choix du rayon est lié aux difficultés financières de cette association. Sans des subventions de la commune, l’UNA a une espérance de vie très limitée et donc, l’organisation ne s’occupe pas du choix d’un périmètre exact dans lequel elle intervient, mais elle s’occupe des personnes qui ont besoin de ce service, peu importe où elles
habitent.

Contrairement au secteur associatif, le secteur privé joue également un rôle décisif dans l’aide à domicile. Un exemple est fourni par ADHAP, un service dans le centre d’Issoire qui aide les personnes âgées. Au niveau du système, ADHAP est un service en franchise avec à peu près 50 auxiliaires de vie diplômés et formés. Mais, cette organisation se focalise seulement sur le milieu urbain en raison de la concurrence qui existe dans le milieu rural avec des associations comme les DMR etc. Depuis 1997, ce service privé intervient dans un périmètre très urbain puisqu’il y a de moins en moins de médecins qui font des visites à domicile. C’est pour cela que ADHAP se concentre sur l’agglomération de Clermont-Ferrand et d’Issoire. En plus, une raison pour laquelle cette organisation n’intervient pas en milieu rural sont les trajets. Avec un rayon de 20 kilomètres autour d’Issoire, le service se spécialise sur la proximité avec des trajets courts et faciles. Ainsi, à cause de la concurrence en milieu rural, des trajets trop longs et de l’absence de médecins dans la visite à domicile, ADHAP a choisi un périmètre très urbain pour créer un service ponctuel et efficace.