Pour une cinquième dimension du système fluvial

Les mots portent un noyau sémiotique dont leurs usagers ne peuvent se défaire. Impossible de s’en débarrasser. Les tentatives pour infléchir cette signification (partagée et durable) restent vouées à l’échec ou procèdent de la tyrannie. Ainsi en va-t-il de la restauration. Rien n’y fait, le radical est précédé du préfixe re-. Les programme de restauration réparent un environnement dégradé, recherchent un paradis perdu, renouent avec les plaisirs de la nature originelle. La restauration est motivée par un écart différentiel déprécié entre un milieu actuellement observé et un milieu de référence historique ou distant de plus grande valeur. Affirmer cette référence disparue, c’est dénoncer les travaux des sociétés humaines, mettre en doute les progrès de l’humanité et révéler un penchant réactionnaire. Aussi est-il tentant d’utiliser d’autres mots. Chassez ce naturel que je ne saurais voir ! Mais il revient au galop. Restauration, réhabilitation, revitalisation, renaturation, requalification. Toujours et encore ce préfixe ! S’agit-il bien de revenir en arrière ? Continuer la lecture

L’usage du monde : habiter le Nevado de Toluca (Mexique)

Le Nevado de Toluca est un stratovolcan inactif localisé à 80 km au sud-ouest de Mexico. Culminant à 4680 mètres, il appartient au système volcanique transversal du Mexique. Un parc national protégeait espace et espèces ; son statut a évolué en 2013 vers une aire de protection de la faune et de la flore. Comme de nombreux espaces protégés dans les pays du Sud, le Nevado de Toluca est habité : son périmètre concerne environ 70 ejidos dont les habitants continuent de valoriser et d’ « user » les ressources. Par définition, l’usage est tout à la fois partagé, concret, localisé et durable. A quels usages cette haute terre donne-t-elle lieu ? Comment concilier les enjeux de développement et de protection ? Continuer la lecture