Pourquoi les Lyonnaises ont-elles des pieds « larges et plats » ? La faute aux têtes de chat…

Le pavage lyonnais a longtemps présenté une originalité. Il recourait aux galets roulés de quartzite ; la plupart provenait des alluvions fluviatiles villafranchiennes (fin du Pliocène), notamment celles situées sur les plateaux de Fourvière, de Sainte-Foy et de La Duchère (David, 1976 ; Mongereau, 2010). Nombre de géologues y ont vu un héritage du diluvium alpin. Marcheurs et cyclistes s’en accommodent difficilement. Continuer la lecture

Lyon, cité d’or ?

La pierre de Couzon, dite aussi « pierre dorée » dans le Beaujolais, est un calcaire à entroques dont la couleur « d’un beau jaune nankin plus ou moins foncé » (Mazenot, 1936) a donné son nom au petit massif du Mont-d’Or, à la Croix-Rousse et plus récemment au pays des pierres dorées. On y trouve en effet des villages entièrement construits avec ce matériau. Sa teinte chaude confère au bâti une ambiance permanente d’embellie crépusculaire. A Lyon, l’emploi de la pierre jaune est resté plus limité que celui de la pierre de Saint-Fortunat. Généralisé à partir de la fin du XVe, il s’est poursuivi jusqu’au XXe siècle. Même s’il a souvent disparu derrière un crépissage, ce calcaire jaune est donc bien présent dans les quartiers centraux de Lyon. Continuer la lecture

Lyon, ville de choin

Lyon a du choin… D’ailleurs comment l’imaginer sans ? La physionomie des quartiers centraux de l’agglomération lyonnaise doit en effet beaucoup à ce calcaire dur, dont les bancs étaient exploités dans le Haut-Rhône, à proximité du fleuve, et fournissaient des blocs de toute dimension. Des bateaux transportaient facilement la pierre à Lyon et en aval. Si les Romains la connaissaient et l’utilisaient déjà, ce matériau de qualité réapparaît aux XVIIIe siècle et devient la pierre de construction lyonnaise par excellence pendant deux siècles. Malgré quelques caractéristiques visuelles inégalement appréciées, « ses qualités ont permis l’édification de beaux et solides travaux d’art, monuments et immeubles qui sont l’ornement de la ville » (Mazenot, 1936). Continuer la lecture

Des huîtres dans les murs : la pierre de Saint-Fortunat

De nombreux bâtiments du centre-ville lyonnais hébergent un hôte quelque peu inattendu. Le passant peut repérer sans peine, dans la pierre des façades, un mollusque fossile reconnaissable à une valve en forme de griffe ou de crochet. Comme la plupart des roches utilisées traditionnellement dans la construction, celle-ci a été extraite dans des carrières qu’animaient des ouvriers à proximité de l’agglomération.

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Les recueils des usages locaux à caractère agricole

L’usage des lieux ou l’usage local a été défini « comme ce qui, en un lieu donné, se pratique d’une façon uniforme, publique, multipliée, observée par la généralité des habitants et réitérée pendant un long espace de temps » (RUL Loire, 1982, p. 9). Si la France d’Ancien Régime possédait son droit coutumier, les recueils des usages locaux ont été constitués au milieu du XIXe siècle. Qu’est-ce qui a motivé ce travail de collecte ? Quelle est leur actualité au XXIe siècle ? Continuer la lecture

Le Gros Caillou de la Croix-Rousse (Lyon, France)

Introduite par M. Panizza en 2001 dans le Chinese Science Bulletin, la notion de « géomorphosite » qualifie un géosite de nature géomorphologique, pourvu d’une valeur esthétique, socio-économique, culturelle ou scientifique (Reynard, 2005 ; Reynard et Panizza, 2005 ; Giusti et Calvet, 2010). Cette définition n’inclut pas de contrainte dimensionnelle si bien qu’un horn, un méandre, une terrasse alluviale, une doline ou un lac sont susceptibles d’être distingués. Lyon dispose-t-il d’une telle entité ? Parmi d’autres, le Gros Caillou de la Croix-Rousse semble candidat. De plus, sa spectralité présent(ifi)e aujourd’hui les grandes glaciations pléistocènes et un événement historique et rend visibles en les incarnant des idées aussi abstraites que la puissance des technologies et des décideurs ou bien l’identité des habitants d’un quartier.

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